Mon réveil n'a pas besoin de sonner.
Non, pas utile puisque j'entends le son particulier de la voix du p'tit teigneux résonner dans la maison silencieuse.
c'est pas bien de réveiller les gens qui ont sommeil
Mais bon, j'ai pas trop mal dormi et je suis de bonne humeur.
Je salue les lève-tôt et accepte le thé que me propose Béné ainsi qu'un yaourt.
Heureusement que j'ai quitté le canapé-lit
sinon, je n'aurai pas pu dire au revoir à Benji qui part au boulot, ni aux deux collégiens déjà très en forme...
Pierre et moi passons encore un court moment avec Béné et Clémence.
Puis il est temps de charger nos paquots sur nos meules et de lever le camp.
On embrasse les deux femmes de la famille.
On remercie pour l'hospitalité, la bonne humeur et le partage d'une excellente soirée.
Lorsqu'on démarre nos bécanes, le ciel est encore assez dégagé avec des pointes d'un bleu qui me plait.
On roule en direction de Villefontaine pour redescendre sur la nationale vers Vienne.
C'est un peu laborieux pour trouver la direction qui nous intéresse et les nuages deviennent menaçants
Ils ont bouffé toutes les portions de bleu
J'ai l'impression qu'on vient de faire moins de 20 kilomètres lorsque Donati décide de faire une halte.
Une envie pressante ???
Même pas. Il a envie d'un café.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]On va se poser un moment alors. Et pendant qu'on savoure notre boisson toute chaude, ben la pluie commence.
Il semble maintenant évident qu'on doive bâcher pour repartir.
Alors que c'est plus qu'une petite averse de passage, un routier qui a fait une pause nous regarde avec une pitié non cachée.
Bon c'est pas le tout mais on va pas passer la journée ici. On s'équipe ok mais faut sortir maintenant.
Donati est vraiment mais alors VRAIMENT pas motivé du tout
A partir de là, la virée en moto tourne au cauchemar.
Les routes sont détrempées. On croise des camions qui nous arrosent alors que ce qui tombe suffit déjà amplement.
Je suis devant et dans mon casque, la voix du p'tit teigneux me serine qu'il veut s'arrêter!!!
C'est compris mais c'est assez compliqué. A chaque fois c'est la même chose, dès que tu veux stopper, y'a plus aucune aire ou parking décent pour te poser
Sentant l'agacement monté dans le ton de la voix dans mon casque... je trouve que l'arrêt de bus en tout bord de route fera très bien l'affaire.
Sauf que si un bus arrive et blabli et blabla...
tu voulais t'arrêter oui ou non ???
On est juste en face d'un centre équestre où 2 personnes sont en train de faire des ronds sous un immense toit de hangar reconverti...
Alors on a encore droit à l'arrosage généreux des camions qui passent.
Il semble que cette artère soit vraiment fréquentée
Une fausse accalmie nous fait croit qu'on va pouvoir repartir et voir un peu où on va...
Mais.............. NON!
On attend encore mais idem qu'à l'arrêt précédent.
Faut démarrer sous la flotte.
On a pris la direction du Puy-en Velay. Mais très vite il faut encore faire une halte.
Nos gants sont trempés. Nos chaussettes sont aussi toutes mouillées.
Là-dessus, la température a un peu chuté. On se les caille sévère.
Le village un peu plus accueillant ( traduire assez gros pour avoir un café où poser nos culs
) est Bourg-Argental.
Y'a plein de panneaux tout verts avec des indications de villes plus grosses dont celle qui nous intéresse : Le Puy-en-Velay.
On prend une direction autre que cette dernière pour nous caler à la terrasse d'un bar.
Un autre motard ( un vieux de la vieille avec une BSA et une veste BSA ) s'arrête au même moment.
Le serveur pense qu'on est ensemble mais heu.... Non. Par contre, on souffre tous de la même chose :
plein le dos de la flotte en bécane.
J'ai l'impression que ça fait des heures et des heures qu'on roule et qu'on a parcouru des centaines et des centaines de kilomètres mais ma jauge d'essence m'indique le contraire.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le village est assez beau :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Mais c'est pas le moment de proposer une visite des lieux à Donati
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]On profite de cet instant de répit pour revoir à nouveau notre itinéraire.
Et là, il devient limpide qu'on ne sera pas foutu d'atteindre Laguiole assez tôt pour visiter la fabrique de coutellerie.
On essaie de faire dans le raisonnable et le court terme : on va déjà tenter d'arriver jusqu'à Yssingeaux.
Et ensuite on pourra viser le Puy-en-Velay... pour y déjeuner peut-être...
Les propriétaires du bar nous souhaitent bon courage.
Comme on s'y attendait, on repart sous les mêmes averses continues et éreintantes.
Notre patience est totalement consumée par les 50 kilomètres qui nous séparaient de Yssingeaux : on va manger ici.
On n'a pas la force d'aller plus loin.
On est cuits. Transis de froid. Trempés jusqu'aux os. Lessivés. Affamés. Mais pas découragés.
La pluie se calme légèrement.
On fait le tour du centre ville deux fois et on se parque dans une ruelle à sens inverse juste à côté de la brasserie qu'on a repérée.
On laisse nos gants sur les moteurs brûlants.
Lorsque l'on passe la porte, on reste un peu plantés là comme des cons : c'est blindé.
Mais rien à foutre, on va pas ailleurs. Je refuse de bouger encore. J'avance vers le bar et une serveuse nous installe sur une table qu'elle débarrasse en même temps.
On regarde le menu et il nous faut pas trois jours pour choisir.
J'ai tellement froid et faim que je pense pas une seconde à photographier l'assiette kébab du p'tit teigneux ou mes deux filets de poulets accompagnés de salade verte.
On dévore tant que c'est chaud.
Et alors commence notre débat : qu'est-ce qu'on fait?
On parlemente un peu mais au final on tombe vite d'accord : on cherche sur le téléphone un lieu où passer la nuit.
Pas très loin de Laguiole. Et pas non plus un truc hors de prix. ( pour mémoire et pour ceux qui ont pas pris le temps de lire la semaine numéro 1, la révision de ma bécane a grillé 700 boules de notre budget vacances !! )
On trouve quelque chose qui parait tout à fait parfait.
Maintenant faut appeler pour réserver. On fait tout, tout de suite.
La dame au bout du fil demande si on mangera sur place le soir. On répond non.
On voit la salle se vider petit à petit. Alors qu'on n'est pas encore prêt à repartir.
Pierre prend un café. Moi, je profite du sèche main des toilettes pour sécher les cheveux à l'arrière de ma tête. Mon tour de cou est aussi très humide.
Au moment de quitter les lieux, on est soulagé de voir que la pluie ne tombe plus du tout.
Maintenant on a un but : rejoindre la Ferme de Saltel à Rieutort-de-Randon.
Objectif : 110 kilomètres.
Météo : mitigée